Tensions entre Kinshasa et le réparateur des femmes violées : Lambert Mende se décharge sur le Dr Mukwege
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Selon le ministre de la Communication et des Médias, le médecin directeur de l’hôpital de Panzi a récemment déclaré à Kinshasa qu’ » on a trop parlé de viols, de guerres, de destructions, il est temps que nous puissions également parler du développement « . Ou encore, » nous sommes très très inquiets par rapport à l’année 2016, une année où nous avons deux possibilités : un passage de paix où on pourrait avoir une alternance démocratique, ou malheureusement, retourner dans le cycle des violences «
Le porte-parole du gouvernement central de la République démocratique du Congo, Lambert Mende Omalanga, suspecte le médecin directeur de l’hôpital de Panzi à Bukavu au Sud-Kivu, le Dr Denis Mukwege, de basculer de son travail de » réparer » les femmes violées à la politique. Le ministre des Médias l’a déclaré jeudi 24 mars 2016, lors de son point de presse tenu dans son cabinet de travail, à Kinshasa.
Pour le gouvernement, la caractéristique principale de la dernière conférence de presse animée par ce médecin, le mardi 15 mars, à l’Institut français de Kinshasa, était essentiellement politique. Reporté auparavant, signale Lambert Mende, par l’Institut français en raison du séjour de la ministre française Ségolène Royal, le décalage a été présenté comme une obstruction du pouvoir en place à Kinshasa.
Finalement, poursuit-il, ce point de presse s’est bel et bien tenu, » et qu’il n’a pas eu pour point focal les femmes violées au Kivu « . Il a, plutôt, été question, fait-il remarquer, de l’ » alternance démocratique » en République démocratique du Congo, présenté par Mukwege comme remède aux maux dont souffrent ses patients.
Selon Mende, le réparateur des femmes violées a déclaré qu’ » on a trop parlé de viols, de guerres, de destructions, il est temps que nous puissions également parler du développement « . Ou encore, » nous sommes très très inquiets par rapport à l’année 2016, une année où nous avons deux possibilités : un passage de paix où on pourrait avoir une alternance démocratique, ou malheureusement, retourner dans le cycle des violences « .
Du rapport d’enquête du GREC
Dans un rapport d’une quarantaine de pages, intitulé » Qui sont les tueurs de Beni ? Rapport d’enquête n°1 « , publié lundi 21 mars courant, note le ministre des Médias, Jason Stearns, ancien expert de l’Onu, chercheur dans un Centre de coopération internationale de l’Université de New-York et patron du Groupe d’Etudes sur le Congo (GREC), a dédouané les Adf des massacres commis à Beni, en les imputant aux FARDC. » C’est faux ! « , s’exclame le porte-parole du gouvernement.
Ce rapport s’appuie sur les déclarations des centaines de témoins oculaires des tueries perpétrées dans la partie du territoire de Beni appelée Beni-rural. «
C’est ce qui permet à Stearns et à ses amis de mettre le pied dans le plat pour ébaucher des hypothèses et prétendre identifier les auteurs des crimes qui ont coûté la vie à plus d’un demi millier de Congolais dans le Grand Nord, mieux que ne l’ont fait jusqu’ici les autorités congolaises et la Monusco qui accusent les rebelles ougandais de l’Adf de ces atrocités perpétrées depuis le dernier trimestre 2014 « , renchérit ce membre du gouvernement.
A en croire ce dernier, l’étude se contente, en réalité, de romancer, plus ou moins, ce que les autorités congolaises et la Monusco n’ont cessé de dire jusqu’à ce jour, à savoir, quelques autochtones ont été embrigadés par les terroristes des Adf pour tuer leurs propres concitoyens. «
Le fait que certains assaillants se soient exprimés en Lingala et en Kinyarwanda, alors que les Adf s’expriment généralement en Kiganda et en Swahili, ne constitue donc en rien un scoop que Stearns croit jeter en pâture aux lecteurs de son rapport « , tance-t-il.
Il ajoute que les témoignages contenus dans ce rapport sont non exhaustifs et pèchent par un certain subjectivisme dans l’appréciation des faits.
Car, nulle part il n’est prouvé que ce sont des unités FARDC, répondant aux ordres de leur hiérarchie, qui auraient participé à quelque tuerie que ce soit à Beni.
Pour lui, les auteurs du rapport le reconnaissent eux-mêmes lorsqu’ils écrivent, en page 19, que » néanmoins, il reste difficile de savoir exactement dans quelle mesure la hiérarchie de l’armée a été impliquée dans ces abus et quelles motivations auraient conduit certains de ses membres à y participer « .
Attentats de Bruxelles : Kinshasa sollicite la création d’un » Front commun des nations civilisées »
Le gouvernement de la République démocratique du Congo se dit consterné par la barbarie aveugle du terrorisme qui a frappé, mardi 22 mars dernier, la Belgique, causant de nombreux morts et blessés.
Kinshasa qui condamne ces crimes, en appelle à la constitution rapide d’un Front commun des nations civilisées, se fondant sur un code standard des lois et règles communes, destinées à rendre efficiente et efficace la lutte contre le terrorisme.
Par Lefils Matady